Infos Dr Dueymes

Courrier du Dr Dueymes - Martinique 21-10 00:22
(retard de transfert lié à une coupure d'Orange prolongée)

Pour information, voici un compte-rendu des actions entreprises aux Antilles depuis le séisme. Le plus dur est en fait à venir.

Actuellement c'est l'aide sur place qui est privilégiée, compte tenu de l'ampleur de la catastrophe.

Il est clair que la Néphrologie occupe une place "ambigüe" dans ce type de catastrophe:

- dans les jours qui suivent, l'urgence néphrologique est la prise en charge des patients dialysés (une centaine en Haïti)... ils n'ont pu être pris en charge dans le courant de la semaine dernière, si ce n'est un patient qui s'est réfugié à l'ambassade de France et qui a été évacué samedi soir... Impossible de savoir ce que sont devenus les autres patients dialysés (il n' y a pas de dialyse péritonéale en Haïti).

- avec un décalage de presque une semaine, apparaissent les IRA secondaires au crush syndrome, très nombreuses: c'est la problématique qui se pose actuellement. La logistique commence à être en place mais les moyens disponibles seront largement dépassés...

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LE CHU DE FORT-DE-FRANCE
FACE A LA CRISE EN HAITI

La survenue du tremblement de terre en Haïti et les effets dévastateurs qu’il a entrainé ont donné naissance au sein de notre Centre Hospitalier à un vaste mouvement de solidarité qui s’est manifesté dès le lendemain du séisme, soit le mercredi 13 Janvier.

Une cellule de crise réunie autour du Directeur Général, du Président de la CME , de toutes les Directions Fonctionnelles, du SAMU, de l’ensemble des services médicaux et médico-techniques dédiés à la prise en charge de l’urgence, a immédiatement été convoquée.
Une mission composée de trois médecins et de deux IADES du CHU a rapidement décollé pour Port-au-Prince afin d’évaluer la situation et d’organiser les évacuations sanitaires vers la Martinique.

Au cours des trois jours qui ont suivi, la cellule de crise a mis en place une organisation réactive et efficace capable de sauver le maximum de vies :

- Mise en place d’un staff à l’aéroport au pied des avions en provenance d’Haïti pour évaluer, trier et adresser les blessés
- Organisation au sein des urgences d’une zone de tri pour les premières prises en charge
- Mobilisation de la réanimation et des blocs opératoires adultes et enfants
- Mobilisation à nos côtés des hôpitaux du Lamentin, de Trinité et de la clinique Saint Paul qui ont reçu des malades et accueilli une partie du programme opératoire réglé du CHU pour soulager nos blocs.
- Accueil d’une délégation de 22 professionnels en provenance de métropole coordonnés par le SAMU de Paris ( anesthésistes, urgentistes, pédiatres , IADES…) chargée de soutenir nos équipes pour la prise en charge de l’afflux de victimes.
- Coordination avec le CHU de Pointe à Pitre pour la répartition des victimes entre la Martinique et la Guadeloupe.
- Conditionnement d’un service complet dans le tripode pour regrouper les victimes originaires d’Haïti.
- Déclenchement du plan blanc à le samedi 16 janvier 13 heures

Au total, 52 victimes adultes et enfants, dont de nombreuses dans un état très grave ont été prises en charge par nos services avec compétence et énergie.
A compter de samedi 16 Janvier au soir, nous avons noté un ralentissement des arrivées de victimes.
Le lundi 18 Janvier, le Directeur de l’ARS, de retour de mission en Haïti, nous a informé en cellule de crise, de grosses difficultés sur le terrain pour continuer les évacuations sanitaires. Nous avons à sa demande suspendu le Plan Blanc le lundi 18 janvier à 14h et préparé le départ d’une nouvelle mission composée cette fois de huit personnes :(anesthésistes, infirmiers, chirurgiens, urgentistes, pharmaciens) qui ont décollé pour Port-au- Prince dès mardi matin. Ce type d’aide était unanimement demandé là-bas pour secourir et appuyer les moyens médicaux sur place ; plusieurs Postes Médicaux Avancés avaient déjà été installés afin de permettre des interventions localement.
Dans la matinée du mardi 19 Janvier, les autorités Sanitaires de l’Etat nous ont demandé de préparer l’hôpital à la réception d’enfants victimes du séisme, et dont les blessures ne permettaient pas une prise en charge sur place.
Une cellule de crise a aussitôt été convoquée à la MFME afin de structurer les services en vue d’un afflux d’enfants.
Un état des lieux a été dressé afin de faire remonter au ministère nos besoins en personnel, équipements et consommables pour affronter cette nouvelle mission.

Le CHU de Fort-de-France et l’ensemble de la communauté hospitalière de la Martinique ont démontré une efficacité remarquable pour porter une contribution concrète au peuple Haïtien en détresse dans le domaine de compétence qui est le notre : la Santé.
Des vies ont été sauvées tant sur place par nos équipes en mission qu’en Martinique grâce au dévouement exemplaire de notre personnel.
Une réactivité permanente a été nécessaire pour adapter chaque jour la réponse aux besoins remontant du terrain et aux victimes débarquées à l’aéroport dont l’état de santé n’était connu qu’une fois sur le tarmac .

Les hospitaliers de Martinique continueront dans les semaines et les mois à venir à secourir nos frères Haïtiens en répondant avec détermination et compétence aux besoins qui s’exprimeront. Ils méritent remerciements et gratitude pour leur comportement exemplaire.
Je suis pour ma part très fier de me retrouver à la tête d’une communauté hospitalière dont les professionnels ont dans le cœur de la générosité et au bout des doigts un savoir faire salvateur.

Daniel RIAM
Directeur Général

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